dimanche 22 avril 2012

Le téléphone sonne dans le vide. Ça fait un écho bizarre dans l'appartement. Comme un oiseau blessé qui agonise. Driiiing. Driiiing. Parce que moi, je suis trop old fashion pour mettre une sonnerie mélodieuse sur mon cellulaire.

Des fois, je me dis que j'aurais dû naître dans les années 50. J'aurais été parfaite en femme de foyer, avec ma belle robe jaune serin, mes cheveux laqués et bien bouffants, un sourire permanent dans mon visage pâle aux joues à peine rosées. J'aurais préparé de belles dindes bien rôties avec des patates pilées pleines de beurre. Je me serais réjouie de ton retour à la maison, chaque soir. On aurait été voir des films au cinéparc avec les enfants.

On aurait eu un chien. Un mariage. Sans menace de divorce.

Un après-guerre idyllique, une économie en plein essor, une insouciance de vivre, sans la peur du cancer, de la mort, on aurait pu fumer des cigarettes sans se sentir mal, boire du gin sans avoir peur pour notre foie.

On se serait aimé très fort dans notre petit patelin parce qu'il n'y aurait eu personne d'autre que nous deux à aimer, parce qu'on aurait été fait l'un pour l'autre. On aurait pas eu autant de choix de partenaires; ça ne t'aurait pas fait tourner la tête, tout le temps, ça ne t'aurait pas miné en dedans à toujours te demander si y'a mieux, si y'a plus que moi ailleurs. T'aurais été heureux avec ce que t'avais.

T'aurais voulu être avec moi pour toujours.

T'aurais dit « moi aussi » quand je t'aurais dit que je t'aime tellement que ça me fait mal en dedans, tu serais pas juste resté silencieux. T'aurais jamais dit « je m'en fous » quand je t'aurais demandé si tu veux qu'on habite ensemble.

Tu serais pas parti.

T'aurais pas eu peur d'être avec moi longtemps.

Tu m'aurais aimé aussi fort que moi je t'aime.

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