dimanche 29 avril 2012

- Arrête de faire ta loque humaine.

C'est comme ça que ma meilleure amie me remonte le moral. Le pire c'est que ça marche, parce que c'est tellement tout le contraire de ce que les autres arrêtent pas de me répéter :

- Laisse le temps arranger les choses.
- Tu vas voir, ça va passer.
- Prends le temps de te ressourcer, pense à toi pour une fois.

Penser à moi pour une fois? Je pense toujours juste à moi. Je pense à ma douleur. À ma perte. À ma tristesse, et je m'en fous de ce qui se passe autour de moi. Même la manifestation étudiante ne m'affecte pas une miette, parce que je suis centrée sur mon petit nombril à pleurer un osti de moron.

Je suis occupée à faire ma loque humaine.

Et je suis vraiment, vraiment bonne dans ce rôle-là.

dimanche 22 avril 2012

Le téléphone sonne dans le vide. Ça fait un écho bizarre dans l'appartement. Comme un oiseau blessé qui agonise. Driiiing. Driiiing. Parce que moi, je suis trop old fashion pour mettre une sonnerie mélodieuse sur mon cellulaire.

Des fois, je me dis que j'aurais dû naître dans les années 50. J'aurais été parfaite en femme de foyer, avec ma belle robe jaune serin, mes cheveux laqués et bien bouffants, un sourire permanent dans mon visage pâle aux joues à peine rosées. J'aurais préparé de belles dindes bien rôties avec des patates pilées pleines de beurre. Je me serais réjouie de ton retour à la maison, chaque soir. On aurait été voir des films au cinéparc avec les enfants.

On aurait eu un chien. Un mariage. Sans menace de divorce.

Un après-guerre idyllique, une économie en plein essor, une insouciance de vivre, sans la peur du cancer, de la mort, on aurait pu fumer des cigarettes sans se sentir mal, boire du gin sans avoir peur pour notre foie.

On se serait aimé très fort dans notre petit patelin parce qu'il n'y aurait eu personne d'autre que nous deux à aimer, parce qu'on aurait été fait l'un pour l'autre. On aurait pas eu autant de choix de partenaires; ça ne t'aurait pas fait tourner la tête, tout le temps, ça ne t'aurait pas miné en dedans à toujours te demander si y'a mieux, si y'a plus que moi ailleurs. T'aurais été heureux avec ce que t'avais.

T'aurais voulu être avec moi pour toujours.

T'aurais dit « moi aussi » quand je t'aurais dit que je t'aime tellement que ça me fait mal en dedans, tu serais pas juste resté silencieux. T'aurais jamais dit « je m'en fous » quand je t'aurais demandé si tu veux qu'on habite ensemble.

Tu serais pas parti.

T'aurais pas eu peur d'être avec moi longtemps.

Tu m'aurais aimé aussi fort que moi je t'aime.

jeudi 19 avril 2012

Quand t'es parti en claquant la porte, l'autre soir, c'est comme si l'appart s'était recroquevillé sur moi. Comme si t'étais parti avec un morceau de mon univers. Et on dirait que ce morceau-là, c'était celui avec le soleil. Parce que depuis, il fait sombre tout le temps. As-tu emporté toutes les couleurs avec toi, aussi? Parce que je les trouve plus, elles non plus.

J'ai pleuré comme une conne toute la nuit. Bilbo le chat me regardait en ronronnant, comme s'il comprenait pas. Il est allé se coucher sur le bord de la fenêtre pendant que je gémissais pathétiquement dans le lit trop grand. Trop vide. C'est froid, un lit, quand t'es toute seule dedans.

Je suis vraiment trop pathétique.

Quand le soleil a commencé à se lever, j'ai pensé que la journée qui suivrait serait la plus merdique de toute ma vie. Mais finalement, j'étais tellement épuisée, tellement zombie, que j'ai pensé à rien. J'ai senti rien. J'ai été travailler, le coeur vide, le corps vide, la tête vide. Comme mon appart.

Je suis revenue et j'ai dormi sur le divan jusqu'au lendemain matin.

Je me dis que plus je dors, plus le temps passe vite, plus j'ai de chance de survivre.

mardi 17 avril 2012

« Je m’en fous. »

C’est comme ça, les garçons. Ça s’en fout, tout le temps. Partout. Ça s’en fout de mon coeur, de ma peine, de mon amour. Ça s’en fout de ce qu’on a, ou enfin, de ce qu’on avait ensemble.

En attendant, moi, je m’en fous pas. Moi, j’ai envie de vomir. J’ai envie de crier. J’ai envie de frapper. Ça gronde en moi comme une tempête, ça lacère mes organes intérieurs, ça bout comme de la lave rouge-orangé.

Mais toi, toi tu t’en fous.

C’est pour ça que c’est fini. Va t’en foutre ailleurs.

Et va te faire foutre, pendant que tu y es.

Voilà.